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Parmi les espèces de poissons-lions qui vivent dans la région Indo-Pacifique, deux ont été introduites dans la grande région Caraïbe : Pterois miles et Pterois volitans, les deux affichant un caractère très envahissant. Les deux espèces partagent de nombreuses caractéristiques biologiques et comportementales et les impacts qu’elles provoquent sont très proches. Elles seront appelés "poissons-lions" par la suite sans autre distinction entre les deux espèces.
Il est considéré que le poisson-lion a été introduit dans les eaux de Floride et s’est ensuite répandu à travers l’Atlantique, affectant les récifs du sud-est des États-Unis et la région Caraïbe. Une hypothèse de son introduction dans le milieu marin démontre que plusieurs spécimens ont été délibérément libérés en 1985 (aquarium) au large des côtes américaines, avec par la suite de nouvelles introductions d’origine accidentelle ou intentionnelle.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le fort potentiel invasif du poisson-lion dans la grande région Caraïbe : la réussite du processus de colonisation, la reproduction rapide et l’absence de prédateurs dans la zone.
Le premier poisson-lion a été signalé dans les eaux du sud de la Floride en 1985, avec ensuite de nombreuses observations supplémentaires jusqu’à ce qu’il soit considéré comme établi au début des années 2000. L’invasion a ensuite atteint la plupart sinon la totalité de la région Caraïbe lors la décennie suivante (voir figure 2).
Figure 2 : Répartition actuelle du Poisson-lion invasif dans la région de la Grande Caraïbe (mise à jour Février 2013).
Aujourd’hui, le poisson-lion a envahi toutes les Grandes Antilles, la majeure partie des Petites Antilles, et les pays continentaux bordant le golfe du Mexique en Amérique centrale et en Amérique latine. Le poisson-lion s’est établi sur la côte atlantique des États-Unis depuis la Floride jusqu’au cap Hatteras en Caroline du Nord, où, apparemment, les eaux froides (moins de 16 ° C) sont un obstacle pour celui-ci. Le Gulf Stream transporte les oeufs des poissons-lions, entraînant une plus grande dispersion le long de la côte atlantique.
Dans les nouvelles aires où il est établi, le poisson-lion s’est révélé être un carnivores généraliste qui consomme plus de 60 espèces de poissons et de nombreuses espèces d’invertébrés (crustacés, mollusques), avec des proies atteignant jusqu’à la moitié de sa taille, et un grand nombre d’entre elles étant d’importance commerciale, récréative ou écologique. Le comportement « naïf » des proies dans les récifs caribéens par rapport à celui des proies dans son aire d’origine conduit à des niveaux élevés de prédation. Par ailleurs, et comme mentionné précédemment, les prédateurs potentiels natifs, à quelques exceptions près qui n’ont pas encore été toutes confirmées, ont peu d’intérêt pour le poisson-lion. Enfin le poisson-lion a très peu de parasites par rapport aux espèces natives.
Sur les sites fortement envahis, le poisson-lion a réduit ses captures de plus de 90% et continue de consommer les poissons natifs à un rythme insoutenable. Le poisson-lion peut atteindre des densités de plus de 200 individus par acre (500 par hectare), en consommant plus de 460.000 poissons / acre / année.