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Les récifs coralliens et leurs écosystèmes associés tels que les mangroves et les herbiers marins, sont quotidiennement menacés par des facteurs naturels et anthropiques, tels que le changement climatique (l'acidification des océans, l'élévation du niveau de la mer, le blanchissement des coraux), le développement côtier, la surpêche, la pollution et les tempêtes et les ouragans. Une autre menace majeure en termes écologiques et économiques sont les espèces exotiques envahissantes (EEE). La propagation des EEE peut éventuellement entraîner des pertes d'espèces économiquement importantes et endémiques, et affecter la biodiversité locale. Ces menaces sur la biodiversité affectent également les fonctions de l'écosystème et les utilisations culturelles et économiques de cette biodiversité par les communautés locales. Deux espèces voraces, Pterois Miles et Pterois Volitans (la dernière est la plus répandue dans l'Atlantique) communément appelées poisson-lion, sont considérées aujourd'hui comme l'une des plus grandes menaces pour les récifs tempérés et tropicaux de l'Atlantique dans ce nouveau siècle.
Le poisson-lion est originaire du Pacifique Sud et de l'Océan Indien (région Indo-Pacifique).
L'aire naturelle des poissons-lion couvre une très vaste zone de l'ouest de l'Australie et de la Malaisie jusqu'à la Polynésie française et les îles Pitcairn du Royaume-Uni, du sud du Japon et de la Corée jusqu'à l'île de Lord Howe au large de la côte est de l'Australie et des îles Kermadec vers la Nouvelle-Zélande. Au centre, on retrouve aussi l'espèce en Micronésie. Voir figure 1.
Figure 1 : Carte de Pterois volitans (vert) et P. miles (bleu) dans leurs aires d'origine, adaptée par Schultz (1986) et Randall (2005). L'étoile en mer Méditerranée désigne la migration lessepsienne de P. miles via le canal de Suez (Golani et Sonin 1992). L'aire d'invasion de P. volitans et P. miles dans les Amériques est indiquée en rouge (Schofield et al. 2012). L'aire prévisionnelle de répartition du poisson-lion le long du littoral de l'Amérique du Sud est représentée en hachures rouges (Morris et Whitfield 2009).
On trouve le poisson-lion dans la plupart des habitats marins tropicaux. On le retrouve dans des profondeurs comprises entre 1 et 1000 pieds (0 à 300 m) à la fois sur les fonds durs, les mangroves, les herbiers marins, les coraux et récifs artificiels (comme les épaves).
Le poisson-lion est lent et ne passe pas inaperçu, et doit donc compter sur sa coloration particulière, ses nageoires inhabituelles et sur ses épines venimeuses pour décourager les prédateurs. Bien que le poisson-lion puisse être une proie dans son aire d'origine, dans la région des Caraïbes seules quelques espèces comme le mérou de Nassau ou certaines espèces de requins, ont été signalées pour le moment s'en nourrissant occasionnellement. Le poisson-lion est aujourd'hui l'un des plus grands prédateurs des récifs coralliens de l'Atlantique. Il consomme plus de 50 espèces de poissons dont certaines espèces économiquement et écologiquement importantes. Ce sont des chasseurs actifs qui surprennent leur proie en déployant leurs nageoires pectorales pour s'approcher lentement et l'isoler.
Bien que le poisson-lion soit aussi une source de nourriture dans son aire de répartition naturelle, économiquement parlant, il est beaucoup plus important dans le domaine de l'aquariophilie. Le Poisson-lion est très populaire chez les amateurs d'aquarium, en particulier aux Etats-Unis. Il n'est pas actuellement inscrit sur les listes d'espèces menacées ou en voie de disparition dans son aire d'origine. Cependant, l'augmentation de la pollution dans les récifs coralliens peut affecter négativement les ressources alimentaires de base du poisson-lion (crustacés et poissons). Si celui-ci s'avère incapable de s'adapter au déclin de certaines espèces dont ils se nourrissent, leur nombre pourrait diminuer.