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Il existe de nombreux outils réglementaires, programmes et actions qui permettent d’assurer la préservation des mammifères marins à chaque échelle, mondiale, régionale et nationale.
Outils internationaux
Au niveau international, les mammifères sont protégés par de nombreuses conventions comme la Convention sur la diversité biologique signée à Rio en 1992 ou encore la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, 1973). A l’échelle de la Caraïbe, la convention de Carthagène au travers de l’annexe 2 du protocole SPAW (Protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la vie sauvage) signé par 17 états, protège intégralement l’ensemble des mammifères marins.
Outils nationaux
A l’échelle nationale, de nombreux outils complémentaires peuvent être mis en place pour protéger les mammifères marins : lois, plans d’actions, aires Marines protégées, études d’impacts, mesures d’atténuation, réseaux de suivi des échouages... Ainsi, la plupart des pays de la caraïbe protègent les cétacés par un ensemble de mesures plus ou moins complexe et complet.
Pour en savoir plus sur les statuts de protection des mammifères marins dans les différents pays de la Caraïbe nous vous invitons à consulter l’étude réalisée en 2020 dans le cadre du projet CARI’MAM et à consulter la carte interactive ci-dessous, issue de cette étude et de la consultation des pays contractants du protocole SPAW.
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Les Aires Marines Protégées (AMP)
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définie les Aires Marines Protégées (AMP) de la manière suivante : « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ».
Le plus souvent, les mammifères marins ont une vaste aire de répartition ; cependant, la plupart des espèces ont tendance à se regrouper dans des endroits où les ressources alimentaires sont abondantes, où elles peuvent se reproduire et élever leur progéniture et elles se déplacent dans des corridors entre ces zones. Il a été démontré que la protection de ces zones de concentration et des corridors peut réduire considérablement la mortalité de certaines espèces. Au vu de l’étendu de ces réseaux écologiques pour certaines espèces, on comprend qu’une coopération internationale et régionale renforcée est nécessaire pour assurer leur conservation.
Dans la grande région Caraïbe, il existe de nombreuses AMP qui ont des objectifs, des statuts mais aussi des moyens de mise en œuvre très différents. Il en résulte des document de gestion plus ou moins élaborés et finalement des niveaux de protection très variables pour les espèces de faune et de flore qui s’y trouvent.
Parmi ces AMP, une dizaine ont été notamment créées pour la conservation des mammifères marins. Les plus importantes sont :
le sanctuaire français pour les mammifères marins de la Caraïbes, Agoa, le plus grand de la région avec ses 140 000 km² ;
les sanctuaires des mammifères marins de République Dominicaine de Bancos de la Plata y la Navidad, où se concentrent les baleines à bosse en période de reproduction, et de Estero Hondo, créé pour protéger le lamantin de Antilles ;
le sanctuaire marin des Florida Keys (États-Unis), qui abrite une population de lamantins de Floride, une sous espèce du lamantin des antilles, qui est menacée ;
Yarari Marine Mammal Sanctuary (Pays Bas), qui comprend les territoires marins de Bonaire, Saba, et St Eustache.
Une étude des plans de gestion des AMP de la région (SPAW-RAC, 2020),réalisée à partir d’un échantillons de 30 AMP de divers statuts et réparties dans toute la région, a montré que moins de 70% des plans de gestion prenaient en compte les mammiféres marins.
Pour mieux prendre en compte les mammifères marins les AMPs doivent :
avoir les moyens financiers et techniques nécessaires à leur fonctionnement ;
avoir un plan de gestion complet ;
mieux connaître son territoire et le valoriser (recherche et sensibilisation) ;
s’appuyer sur un réseau régional actif d’AMP (transfère de connaissances et de compétences, identification des corridors écologiques mais aussi des menaces émergentes) ;
s’appuyer sur un document cadre au niveau régional.
Le Seflt Assessment Tool (SAT)
Le Seflt Assessment Tool a été conçu dans le cadre d’océan governance projectavec une collaboration du CAR SPAW à l’intention des gestionnaires d’AMP afin d’évaluer dans quelle mesure les mammifères marins ont été pris en compte dans le plan de gestion, et les domaines dans lesquels cela peut être amélioré.
L’outil SAT et ses 23 fiches thématiques sont téléchargeable ici
Aires marines protégées et coopération régionale
Étant donné l’importance de la coopération régionale entre les AMP de la grande région Caraïbe, de nombreuses initiatives ont été mises en œuvre pour la favoriser.
Le réseau CaMPAM (Caribbean Marine Protected Area Management) a été créé en 1997 dans le cadre du Programme pour l’environnement des Caraïbes du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE-CEP) et du Protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la vie sauvage (SPAW) de la Convention de Carthagène. Cette initiative rassemble les différents acteurs de la région impliqués dans la gestion d’AMP, afin de faciliter le transfert des connaissances et des savoir-faire, grâce à une variété de mécanismes tels que des programmes de renforcement des capacités et des outils de communication.
Les sites SPAW : L’inscription des AMP au titre du Protocole SPAW est une priorité pour les Parties signataires. L’objectif de cette inscription est d’identifier les aires d’importance particulière pour la région Caraïbe, qui bénéficieront en priorité d’appuis scientifiques, techniques et financiers pour assurer leur protection. A l’heure actuelle, 35 sites sont inscrits dans la liste des aires protégées SPAW.
Le jumelage : Plusieurs accords de coopérations ont été signés entre les différents sanctuaires de la région Nord-Ouest de l’océan Atlantique pour renforcer les actions conjointes et le partage de compétences, afin d’améliorer les connaissances, le suivi et la conservation des baleines à bosse, et notamment : Agoa est jumelé avec le Stellwagen Bank National Marine Sanctuary (Masachusets, USA) depuis 2011, avec le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (Québec) depuis 2015 et avec le Sanctuaire Yarari (Petites Antilles néerlandaises) depuis 2017. Les sanctuaire de Stellwagen Bank et Yarari, sont eux-mêmes jumelés.
Jusqu’à fin 2021 le projet CARI’MAM (Caribbean Marine Mammals Preservation Network) permet la mise en réseaux des aires marines protégées dédiées à la préservation des mammifères marins de la Grande Caraïbe et au-delà. Il vise notamment à renforcer les compétences des gestionnaires, développer des outils communs de gestion et d’évaluation, et à accompagner le développement d’une offre commerciale d’observation des mammifères marins respectueuse des animaux et durable, à l’échelle de la Caraïbe.