La planète est le théâtre de nombreux évènements climatiques extrêmes tels que les tremblements de terre, les sécheresses, les cyclones et les inondations. Dans un contexte de changement climatique, ces évènements extrêmes devraient s’intensifier, devenant de plus en plus fréquents et dévastateurs. Certaines zones du globe, de par leur géographie et leur localisation, se trouvent particulièrement exposées aux risques naturels, et en particulier les risques naturels côtiers. C’est le cas de la Grande Région Caraïbe, avant tout composée d’espaces insulaires et côtiers qui abritent près de 75% de sa population. Couplés à l’élévation moyenne du niveau de la mer, les événements extrêmes comme les tempêtes tropicales et les cyclones contribuent à l’intensification de l’érosion côtière et à l’augmentation du risque d’inondation, notamment de submersion marine. Ces aléas peuvent gravement affecter les populations humaines et lourdement impacter le développement social et économique de la région, en plus de nuire au patrimoine naturel. Convaincus de l’importance d’accroître la capacité de prévention et de réponse des territoires face à ces risques majeurs, certains territoires de la Grande Région Caraïbe ont décidé de s’associer pour partager leurs expertises et définir une stratégie commune afin de faire face aux impacts du changement climatique.
Lancé le 1er novembre 2018, le projet CARIB-COAST vise à initier un réseau caribéen de prévention et de gestion des risques côtiers en lien avec le changement climatique. Six territoires insulaires de la Caraïbe sont directement impliqués : la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, la Jamaïque, Porto-Rico et enfin Trinité-et-Tobago. L’ambition est de mutualiser, co-construire et diffuser les démarches de surveillance, de prévention des risques côtiers et d’adaptation au changement climatique, entre ces 6 territoires d’une part mais également à travers toute la région caribéenne. Ce projet international est financé par le programme européen Interreg Caraïbes à hauteur de 3 millions d’euros pour une période de 3 ans. Le chef de fil, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), est associé à 10 partenaires français et caribéens pour mener différentes missions réparties entre quatre « Work Packages » (WP) :
Dans le cadre de ce projet, le CAR-SPAW travail principalement au sein du WP3 « Érosion côtière » et est responsable du WP4 « Outils d’aide à la décision ». Son rôle est de promouvoir l’importance des écosystèmes marins et côtiers (récifs coralliens, herbiers et mangroves) via les services qu’ils délivrent en termes de protection côtière, d’atténuation de l’érosion et de régulation du climat dans la Grande Région Caraïbe.
(*) Partenaires du projet CARIB-COAST :
Partenaires communautaires :
• IFREMER – Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Martinique)
• ONF – Office National des Forêts (Guadeloupe)
• IRD – Institut de Recherche pour le Développement (Marseille)
• CAR-SPAW – Centre d’Activités Régional pour les espaces et espèces spécialement protégés de la Caraïbe (Guadeloupe)
• Centre National de Recherche Scientifique, CNRS (France)
Partenaires extra-communautaires
• Universities of West Indies – Ste Augustine Campus (Trinité-et-Tobago)
• Institute of Marine Affaires, IMA (Trinidad et Tobago)
• Association des Etats de la Caraïbe, AEC / ACS (Trinité-et-Tobago)
• CARICOOS (Porto Rico)
• Mona Geoinformatics Institute (Jamaïque)
Les Écosystèmes Marins
Le complexe « récif coralliens - herbiers marins - mangroves » est considéré comme l’un des systèmes les plus diversifiés et les plus productifs au monde. Toutefois, ils font aussi partie des écosystèmes les plus menacés de la planète : au sein de la Grande Région Caraïbe, les herbiers sont en déclin, les mangroves ont perdu 23% de leur surface et un tiers des récifs coralliens est menacé. Ces écosystèmes subissent des pressions anthropiques grandissantes comme l’aménagement côtier, la pollution, le tourisme et la pêche, en plus des conséquences de plus en plus intenses du changement climatique (cyclones, températures élevées, sargasses).
Pourtant, ils apparaissent comme des alternatives efficaces pour protéger les côtes caribéennes des risques côtiers. Leurs rôles en termes de protection côtière, d’atténuation de l’érosion et de régulation du climat sont essentiels à nos sociétés.
C’est pourquoi il est urgent de protéger, de restaurer et de communiquer l’importance de ces écosystèmes et de leurs nombreux services associés.
Récifs coralliens
Les récifs coralliens sont des structures sous-marines construites par les coraux. Il s’agit d’animaux marins vivant en symbiose avec des algues dont certains, les coraux dits durs, sont capables de construire leur propre squelette calcaire. Ils forment ainsi des écosystèmes marins très complexes, tant au niveau de leur structure tridimensionnelle qu’au niveau de leur fonctionnement écologique qui figure parmi les plus biodivers de la planète. Les récifs coralliens sont par conséquent d’une importance capitale, tant pour le fonctionnement des processus écologiques et climatiques que pour la biodiversité qu’ils abritent et dont bénéficient in fine les sociétés humaines. Au sein de la GRC, les récifs coralliens couvrent environ 26 000 km2, ce qui représenterait 16,8% de l’étendue mondiale d’après les données complètes les plus récentes. Ainsi ce sont 21 % des côtes de notre région qui sont directement protégées par les récifs. Les servicesz écosystémiques déluivrés par cet écosystèmes sont nombreux :
Herbiers
Les herbiers marins constituent un petit groupe de 60 à 70 espèces de plantes à fleurs monocotylédones dont les ancêtres terrestres ont colonisés le milieu marin il y a un peu moins de 100 millions d’années. Ils peuvent être denses ou clairsemés et colonisent généralement les fonds sableux, vaseux ou limoneux. Les herbiers sont présents proches des côtes et dans les estuaires. Ils se retrouvent assez proche de la surface, dans la zone photique (là où la lumière est suffisamment présente). Dans la Grande Région Caraïbe, les herbiers marins couvrent 66 000 km² et rendent eux aussi de nombreux services à nos sociétés :
Mangroves
Les mangroves sont des forêts littorales, localisées dans la zone de balancement des marées au sein des baies et des estuaires. Elles sont constituées d’arbres nommés palétuviers dont il existe environ 70 espèces à travers le monde. Selon le type de mangrove, les palétuviers peuvent évoluer dans des eaux saumâtres, des eaux à la salinité égale à celle de la mer, ou encore des eaux à la salinité supérieure à celle de la mer (salines notamment). Ces arbres ont développé différentes adaptations au niveau de leurs systèmes racinaire et foliaire qui leur permettent de s’accommoder aux nombreuses contraintes de ces milieux au substrat instables, sursalés et pauvres en oxygène. Dans la Grande Région Caraïbe, les mangroves sont représentées par seulement 9 espèces de palétuviers et couvrent 22 000 km2, soit près de 14,7% des mangroves mondiales. C’est l’écosystème qui à lui seul fournit le plus de services écosystémiques :
En résumé, en plus d’abriter une importante biodiversité, ces trois écosystèmes intimement liés fournissent d’importants services écosystémiques en termes de protection côtière (barrière face à la houle, dissipation de l’énergie des vagues), d’atténuation de l’érosion (production, fixation et accrétion des sédiments) et du changement climatique (stockage de carbone).
Liens utiles :
https://www.carib-coast.com/
https://www.onf.fr/onf/+/606::caribcoast-et-loffice-national-des-forets-de-guadeloupe-un-reseau-caribeen-pour-la-prevention-et-la-gestion-des-risques-cotiers-en-lien-avec-le-changement-climatique.html
https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/carib-coast-etudes-aux-actions-671937.html